Retour au lycée mardi après-midi. Dommage, une grève des trains a éclairci les rangs. Mais ....
Première découverte
Quelle richesse, quelle créativité!
Avec du relief
Avec le même matériau pour les croix du haut, un ruban en velours qui roule sur lui-même, les croix du dessous avec ce ruban ouvert et bien fixé, et la croix en bas à droite avec des tous petits morceaux du ruban cousus au bout de la croix. Et quatre broderies différentes pour une seule croix. La jeune fille aime travailler à la main et a fait un stage de broderie à Lunéville.
La photo du dessous n'est pas très bonne, je l'ai retravaillée comme j'ai pu pour vous montrer le S en perles sur la croix gauche. C'est la façon qu'a trouvée cette jeune fille pour rendre hommage à une personne chère à son coeur. Touchant, vous êtes d'accord avec moi!
Malgré une lassitude parfois perceptible, certains continuent à faire des croix avec patience, recherche, avec d'autres matériaux. La boite à boutons se vide.
Et puis, ils ont envie d'assembler eux-même LEUR quilt. Je leur avais
proposé la veille de le faire moi-même. Je trouve vraiment positif
qu'ils le fassent. Je leur avais expliqué hier que les quilts seront exposés dans les Ardennes au printemps prochain et plus tard aux Etats-Unis.
Choix de la disposition
Vérification de l'assemblage par leur professeur
Oser choisir, oser dire ce qu'on préfère. "Madame, ça va comme ça? Je le mets où, celui-là?" Et inlassablement, Mme Mougel les encourage, les pousse à faire LEUR choix, à se faire confiance.
J'explique qu'en patchwork, on couche les coutures, pour que les restes de laine du rembourrage ne passent pas entre les coutures quand les femmes faisaient des quilts utilitaires. Et maintenant, on garde cette technique qui sert aussi à faire ressortir ou pas un morceau de tissu.
Avez-vous vu sur la machine à coudre ce morceau de tissu qui entoure le bras? C'est pour y piquer les épingles. Pratique! Je ne connaissais pas ce truc de couturière.
Et puis, l'atmosphère s'alourdit. Une élève est en colère, seule, en souffrance. A l'autre bout de la pièce, un groupe s'est formé et des regards assez noirs s'échangent. Une professeur emmène l'élève en souffrance dans le couloir pour discuter avec elle. Mme Mougel m'explique que l'élève est dysphasique, que ça entraîne des incompréhensions, des malentendus. Moi qui ai un fils dyslexique qui a beaucoup souffert en milieu scolaire d'incompréhension, qui a eu beaucoup de colères de frustration au moment des devoirs, je ne peux qu'être attentive. Il est maintenant adulte, sa dyslexie est devenue une richesse mais il a encore parfois des moments difficiles en déphasage avec les autres car la dyslexie n'est pas juste un problème de lecture. La dysphasie est un trouble neurologique du langage qui entraîne des difficultés de compréhension, de l'organisation (comme beaucoup de "dys" -lexie, praxie..) et de communication.
Une autre professeur discute avec le groupe, leur explique les difficultés de cette élève, leur parle de handicap, de la violence verbale de leur âge sans les culpabiliser, des stratégies que les "dys" élaborent pour vivre avec les autres.
Je rejoins ce petit groupe et demande si je peux leur parler. Et je leur dis que le Projet 70273, c'est ça au présent : faire attention à celui qui est différent. Pour qu'ils comprennent les difficultés de cette élève, j'ai utilisé la métaphore de la langue étrangère, de le langue différente. Ca tombe bien, j'ai mon expérience d'expatriée et dans la classe, il y a une jeune fille syrienne arrivée en janvier. Je leur dit que cette jeune fille dysphasique, c'est un peu comme si elle parlait une langue différente. Alors, elle a parfois du mal à les comprendre et eux ont du mal à comprendre certains de ses comportements. "Madame, elle n'a pas les mêmes codes que nous" C'est ça, vous avez compris!!! Je vois leur regard qui change. La jeune fille revient dans la classe avec la professeur. Elle est apaisée. Je lui explique la métaphore que j'ai utilisée pour expliquer à ses camarades. Je lui dis aussi qu'elle a des talents. Son visage est lumineux. Les enfants "dys" ont des talents insoupçonnés, pas en adéquation avec l'école. Je lui dis que mon fils a souffert et que maintenant, il est un excellent professionnel. Et je leur dis à tous qu'ils ont du talent, de la créativité. Ma parole extérieure à l'établissement est complémentaire de celle des profs, est reçue différemment. Il y a eu beaucoup d'écoute. Les professeurs et moi avons continué sur la nécessité du dialogue pour résoudre les malentendus, les petites disputes, sur la difficulté d'aller discuter, bien sûr mais nous les avons encouragés. Nous avons semé des graines chez ces jeunes.
C'était d'une telle richesse! J'ai vu des sourires timides, des sourires rayonnants. Je les ai tous remerciés, élèves et professeurs et leur ai tous embrassés, les exubérants comme les timides. Ils m'ont remerciée, profs et élèves. Je ne me souviendrai pas de leurs prénoms mais je me souviendrai toujours de ces moments de partage et Leur quilt aura toujours une place particulière dans mon coeur.
Voilà où le patchwork et le Projet 70273 m'ont emmenée ce mardi après-midi. Cadeau!
Les buts du Projet 70273, commémorer, porter l'attention sur les personnes différentes, sensibiliser les jeunes ont tous été atteints et c'est tout simplement génial!
Je les retrouve dans deux semaines. J'espère que les trains circuleront. J'ai très envie de tous les revoir. Je leur apporterai d'autres de mes quilts. De leur côté, ils auront assemblé leur top. Je le prendrai et le quilterai pendant l'été. Je leur rapporterai en septembre. Il sera exposé au CDI de septembre à décembre. Ensuite, je le reprendrai pour les expos de mars et mai auxquelles ils seront bien sûr invités.
Prenez bien soin de vous :-)
A bientôt.
Articles déjà parus sur le Projet 70273 : cliquez sur chaque lien ci dessous.
Une semaine intense et positive
Une belle journée à Villers-Semeuse
Premier middling
Deuxième middling
Le Lycée Armand Malaise, épisode 1
Première découverte
Quelle richesse, quelle créativité!
Avec du relief
Avec le même matériau pour les croix du haut, un ruban en velours qui roule sur lui-même, les croix du dessous avec ce ruban ouvert et bien fixé, et la croix en bas à droite avec des tous petits morceaux du ruban cousus au bout de la croix. Et quatre broderies différentes pour une seule croix. La jeune fille aime travailler à la main et a fait un stage de broderie à Lunéville.
La photo du dessous n'est pas très bonne, je l'ai retravaillée comme j'ai pu pour vous montrer le S en perles sur la croix gauche. C'est la façon qu'a trouvée cette jeune fille pour rendre hommage à une personne chère à son coeur. Touchant, vous êtes d'accord avec moi!
Malgré une lassitude parfois perceptible, certains continuent à faire des croix avec patience, recherche, avec d'autres matériaux. La boite à boutons se vide.
Choix de la disposition
Vérification de l'assemblage par leur professeur
Oser choisir, oser dire ce qu'on préfère. "Madame, ça va comme ça? Je le mets où, celui-là?" Et inlassablement, Mme Mougel les encourage, les pousse à faire LEUR choix, à se faire confiance.
J'explique qu'en patchwork, on couche les coutures, pour que les restes de laine du rembourrage ne passent pas entre les coutures quand les femmes faisaient des quilts utilitaires. Et maintenant, on garde cette technique qui sert aussi à faire ressortir ou pas un morceau de tissu.
Avez-vous vu sur la machine à coudre ce morceau de tissu qui entoure le bras? C'est pour y piquer les épingles. Pratique! Je ne connaissais pas ce truc de couturière.
Et puis, l'atmosphère s'alourdit. Une élève est en colère, seule, en souffrance. A l'autre bout de la pièce, un groupe s'est formé et des regards assez noirs s'échangent. Une professeur emmène l'élève en souffrance dans le couloir pour discuter avec elle. Mme Mougel m'explique que l'élève est dysphasique, que ça entraîne des incompréhensions, des malentendus. Moi qui ai un fils dyslexique qui a beaucoup souffert en milieu scolaire d'incompréhension, qui a eu beaucoup de colères de frustration au moment des devoirs, je ne peux qu'être attentive. Il est maintenant adulte, sa dyslexie est devenue une richesse mais il a encore parfois des moments difficiles en déphasage avec les autres car la dyslexie n'est pas juste un problème de lecture. La dysphasie est un trouble neurologique du langage qui entraîne des difficultés de compréhension, de l'organisation (comme beaucoup de "dys" -lexie, praxie..) et de communication.
Une autre professeur discute avec le groupe, leur explique les difficultés de cette élève, leur parle de handicap, de la violence verbale de leur âge sans les culpabiliser, des stratégies que les "dys" élaborent pour vivre avec les autres.
Je rejoins ce petit groupe et demande si je peux leur parler. Et je leur dis que le Projet 70273, c'est ça au présent : faire attention à celui qui est différent. Pour qu'ils comprennent les difficultés de cette élève, j'ai utilisé la métaphore de la langue étrangère, de le langue différente. Ca tombe bien, j'ai mon expérience d'expatriée et dans la classe, il y a une jeune fille syrienne arrivée en janvier. Je leur dit que cette jeune fille dysphasique, c'est un peu comme si elle parlait une langue différente. Alors, elle a parfois du mal à les comprendre et eux ont du mal à comprendre certains de ses comportements. "Madame, elle n'a pas les mêmes codes que nous" C'est ça, vous avez compris!!! Je vois leur regard qui change. La jeune fille revient dans la classe avec la professeur. Elle est apaisée. Je lui explique la métaphore que j'ai utilisée pour expliquer à ses camarades. Je lui dis aussi qu'elle a des talents. Son visage est lumineux. Les enfants "dys" ont des talents insoupçonnés, pas en adéquation avec l'école. Je lui dis que mon fils a souffert et que maintenant, il est un excellent professionnel. Et je leur dis à tous qu'ils ont du talent, de la créativité. Ma parole extérieure à l'établissement est complémentaire de celle des profs, est reçue différemment. Il y a eu beaucoup d'écoute. Les professeurs et moi avons continué sur la nécessité du dialogue pour résoudre les malentendus, les petites disputes, sur la difficulté d'aller discuter, bien sûr mais nous les avons encouragés. Nous avons semé des graines chez ces jeunes.
C'était d'une telle richesse! J'ai vu des sourires timides, des sourires rayonnants. Je les ai tous remerciés, élèves et professeurs et leur ai tous embrassés, les exubérants comme les timides. Ils m'ont remerciée, profs et élèves. Je ne me souviendrai pas de leurs prénoms mais je me souviendrai toujours de ces moments de partage et Leur quilt aura toujours une place particulière dans mon coeur.
Voilà où le patchwork et le Projet 70273 m'ont emmenée ce mardi après-midi. Cadeau!
Les buts du Projet 70273, commémorer, porter l'attention sur les personnes différentes, sensibiliser les jeunes ont tous été atteints et c'est tout simplement génial!
Je les retrouve dans deux semaines. J'espère que les trains circuleront. J'ai très envie de tous les revoir. Je leur apporterai d'autres de mes quilts. De leur côté, ils auront assemblé leur top. Je le prendrai et le quilterai pendant l'été. Je leur rapporterai en septembre. Il sera exposé au CDI de septembre à décembre. Ensuite, je le reprendrai pour les expos de mars et mai auxquelles ils seront bien sûr invités.
Prenez bien soin de vous :-)
A bientôt.
Articles déjà parus sur le Projet 70273 : cliquez sur chaque lien ci dessous.
Une semaine intense et positive
Une belle journée à Villers-Semeuse
Premier middling
Deuxième middling
Le Lycée Armand Malaise, épisode 1
Encore une expérience enrichissante pour un projet qui n'est pas évident !Bonne soirée
RépondreSupprimeroui, quelle expérience! Bisous
SupprimerQuelle richesse que ces échanges !
RépondreSupprimerBizz
oui, au delà de ce que je pouvais espérer! Bises
SupprimerUne expérience vraiment très enrichissante à tous niveaux.
RépondreSupprimerSi difficile de comprendre l'autre, d'accepter ses différences... et pourtant si enrichissant.
Bravo pour tout ce que vous réalisez.
Bizzz Amélie
PS : je suis comme eux, ça veut dire quoi coucher la couture du patch ? Super l'idée pour les épingles, faut que je fasse quelque chose pour ma machine, ça va me changer la vie.
Coucher les coutures, ça veut dire que au lieu de les ouvrir de chaque côté de la couture, on les met ensemble de même côté. On le voit bien sur ce tuto, surtout les photos en fin d'article : https://laissonsluciefaire.com/2013/08/28/les-tutos-couture-couchee-et-couture-ouverte/. En patchwork, on fait aussi des coutures moins larges qu'en couture de vêtement, 5 à 7 mms en général.
SupprimerMerci pour vos mots sur cette expérience si enrichissante! Bises
C'est vraiment super ce qu'ils ont fait et cela a du être un super moment pour toi.
RépondreSupprimerJ'ai justement déjeuné ce midi avec la présidente de l'association X Fragile (et oui X encore) et on a beaucoup parlé handicap.Il y a tant de choses à faire et tant de retard en France sur ce sujet, c'est vraiment bien que les jeunes soient sensibilisés très tot.
Bisous
Oui, ça a été un super moment! Tu sais comment je suis :-) Je vois la différence entre les Pays-Bas et la France. Aux Pays-Bas, le handicap fait partie de la vie, est intégré. Même si tout n'est pas parfait, c'est remarquable. En France, ça serait bien que les mentalités bougent plus vite pour pousser les autorités à bouger plus. Dans le groupe FB anglophone, une femme écrivait : "disability is not inability". C'est tellement vrai!
SupprimerLes rencontres pluridisciplinaires aboutissement parfois à des cadeaux de la vie. Tu as joué un rôle fabuleux, avec la tranquillité que je te connais, comme une évidence pour toi. Tu leur as ouvert les yeux sur la différence, oh comme par hasard c'est le sujet du Projet 70273 ! De leur côté, ils ont eu l'intelligence de t'écouter et ont compris ton message.
RépondreSupprimerJe vois que les blocs sont surfilés : un conseil de la prof sans doute. Et pourtant, malgré nos marges de couture étroites, nous ne le faisons jamais. Cette "négligence" me choquait en patchwork au tout début ! Puis je n'y ai plus pensé, puisque tout se passe bien sans, grâce à l'étape du quilting.
Bises
Moment privilégié où je suis venue appuyer, compléter les paroles des profs. C'est vrai que quand je parlais j'étais très tranquille. A la fin, j'étais très émue et leur ai dit que j'avais les jambes qui tremblaient :-)
SupprimerLa prof avait peur que le tissu s'effiloche. J'ai laissé faire mais en fait c'était inutile car les élèves ont été soigneux. Il y avait un peu de toile aïda et elle a été parfois recousue sur du drap. Les habitudes coutures ne sont pas les mêmes que les habitudes patchwork :-) Bises!
Quel merveilleux projet et quelle belle aventure humaine !!! Tu ne les oublieras pas, et eux non plus n'oublieront pas cette belle rencontre ! Vous êtes tous formidables !!! Bisous
RépondreSupprimerMerci Marie-Pierre de ton enthousiasme. J'espère avoir semé des graines. Quelle rencontre! Bises
SupprimerBravo Annie. Ce que tu fais est juste fabuleux et je prends un plaisir énorme à te lire.
RépondreSupprimerMerci Nadai. Tes mots me touchent beaucoup. Bon stage, veinarde :-)
SupprimerUne preuve de plus que ce monde est beau ... si je veux bien me donner la peine de le regarder. Merci la tulipe !
RépondreSupprimerEt toi, tu as cette faculté là ancrée en toi! Bisous doux.
SupprimerNe m'en veux pas; avec tous mes allers -retours, je suis en retard, mais je tente de me rattraper, et je viens de lire ce bel article, cette histoire, ce projet. Bravo pour tout!! Tu es le fil rouge qui relie tous ces jeunes!! Une belle initiative!!! Je t'embrasse!
RépondreSupprimerAnne, bien sûr que je ne t'en veux pas. Comment pourrais-je alors que je sais ta vie de nomade. Je me pose et j'apprécie! Moments fabuleux pour moi avec ces jeunes! Bisous
SupprimerUne très belle expérience, des échanges riches pour tous les participants.
RépondreSupprimerOui, je dois les revoir en début d'année et je le ferai avec plaisir!
Supprimerje m'aperçois qu'avec mon compte blogger mon vrai nom reste caché...( raison de mon nouveaux commentaire)
RépondreSupprimerTu es aussi en non-reply comme moi, je crois. Au moins, si je clique sur ton nom,ça va vers ton blog.Moi, ça va vers mon compte google je crois :-( Merci de tes passages :-)
Supprimer